Un mode de Vie tourné vers le vivant
Qu'est-ce que la syntropie ?
La syntropie c’est bien plus qu'une simple méthode agricole ; c'est un changement de paradigme total fondé sur la compréhension et l'application des lois fondamentales du vivant. Notre mentor Anaëlle Théry, est notamment l'autrice de "Bienvenue en Syntropie, un jardin d'abondance des principes au terrain". Pour elle, la syntropie tisse une vision systémique du vivant où la générosité, la complexité et l'abondance ne sont pas des utopies mais des lois fondamentales.
Au cœur de la matière, la syntropie révèle le secret du don absolu du vivant, tendant toujours vers plus d'abondance et de diversité. Ce mouvement incessant du vivant, des abysses aux montagnes, se manifeste par un ballet de naissances, transformations et morts, chaque mort enrichissant et complexifiant le milieu. Le temps, dans cette perspective, est une illusion humaine, sans signification pour les processus de vie qui s'adaptent et se déploient sans cesse.
Le moteur primaire de cette abondance est la photosynthèse, que les sources décrivent comme la "magie pure" et la "seule valeur ajoutée au monde". Grâce à elle, la matière (sucres, carbone) est créée à partir de l'énergie solaire, de l'air et de l'eau, formant 97 à 98 % de la masse végétale. Ce processus est fondamental car il est à l'origine des sols respirables, de l'atmosphère, et de toutes les chaînes alimentaires, dont dépendent nos civilisations et nos économies. Un sol nu ou bétonné représente un temps sans valeur ajoutée, où le vivant s'affaiblit.
Les systèmes vivants opèrent selon des règles fondamentales d'impermanence, de diversité, de complexité et d'abondance, délaissant la "loi du plus fort" pour la stratégie du don. Chaque organisme, qu'il soit végétal ou animal, enrichit son milieu en partant, préparant ainsi les conditions pour les espèces suivantes. Même les "mauvaises herbes" ont un rôle à jouer, exprimant les besoins du sol pour tendre vers l'abondance. La vie déploie des stratégies de "gaspillage" apparent, comme les milliers de glands lâchés par un chêne, pour assurer la richesse et la résilience du réseau d'interactions, priorisant "la vie d'abord, l'espèce ensuite, l'individu après".
La perturbation est un levier essentiel de l'abondance. Les animaux, par leur alimentation et leurs mouvements, stimulent la photosynthèse et la création d'humus. De grands troupeaux, comme les bisons ou les bovins gérés selon le "holistic management", transforment des terres pauvres en savanes luxuriantes et stockent du carbone dans les sols. L'élevage moderne et la destruction de la mégafaune sont, à l'inverse, des perturbations négatives qui appauvrissent les systèmes.
Contrairement à la vision pyramidale de la chaîne alimentaire, la syntropie promeut une vision circulaire d'interdépendance où chaque espèce, y compris les grands prédateurs, est garante de l'équilibre dynamique et de la photosynthèse. Tuer les régulateurs entraîne l'effondrement de systèmes entiers.
Concrètement, la syntropie montre des résultats impressionnants : un potager en syntropie peut devenir une "jungle d'abondance" avec très peu d'arrosage et des récoltes incroyables, transformant le sol et augmentant la matière organique de 9 points en trois ans, sans apport extérieur de compost. Les arbres poussent deux fois plus vite.
Les sources soulignent que l'humanité a trop souvent agi contre ces lois, créant des déserts et épuisant les sols par la simplification et la monoculture, ce que l'on pourrait appeler le "syndrome de Frankenstein". En retournant au jardin et en réapprenant notre place de co-acteurs, non de "producteurs" ou de "gestionnaires" qui simplifient et appauvrissent, nous pouvons retrouver une relation profonde et intime avec le vivant. Le jardin devient alors un acte politique, un espace de don, de gratitude et de résilience. L'objectif est de retrouver un équilibre dynamique où un organisme sain n'a pas de "ravageurs", mais des indicateurs que les systèmes sont en rééquilibrage.
En somme, la syntropie invite à accepter l'interdépendance profonde qui nous lie à la totalité du vivant, depuis notre composition atomique jusqu'à la survie de notre espèce. C'est un appel à agir aujourd'hui pour les 3000 années à venir, en laissant le milieu plus riche et plus vivant à chaque action.
La syntropie peut être définie comme une approche de jardinage et un mode de vie qui s'alignent sur les lois fondamentales du vivant
Les caractéristiques clés de la syntropie incluent:
Complexité et diversité: La syntropie favorise une plus grande complexité et diversité en utilisant les plantes pour leurs besoins en ombre et en soleil. L'objectif est d'enrichir le milieu avec le temps, plutôt que de l'appauvrir.
Perturbation animale: La syntropie intègre la "perturbation" par les animaux comme un facteur essentiel pour stimuler la photosynthèse et la création de richesse dans l'environnemet.
Don absolu du vivant: Elle repose sur la compréhension que chaque organisme vivant, en partant, laisse son milieu plus riche, ce qui est la stratégie du vivant pour tendre vers l'abondance.
Création de matière: La syntropie utilise la photosynthèse, la source de "valeur ajoutée" du monde, pour créer de la matière carbone à partir de l'énergie solaire, de l'air et de l'eau
Augmentation de la fertilité des sols: Elle vise à augmenter la teneur en matière organique des sols, sans nécessiter d'apports extérieurs comme le compost ou le fumier, en se basant sur une photosynthèse dense et une perturbation contrôlée.
Réappropriation des savoirs: C'est un moyen de reprendre le pouvoir sur son alimentation et sa vie, en devenant un "co-acteur de l'abondance" plutôt qu'un "gestionnaire" ou "destructeur".
Interdépendance: La syntropie reconnaît l'interdépendance de tous les systèmes vivants, où chaque organisme joue un rôle et est essentiel à la santé de l'ensemble.
